VALÉRIE

Effacer la misère le temps d’un soupir
Que les amants d’hier s’en reviennent par ici
Lever au vent la voile naviguer de fortune
Abandonner  l’espoir qu’on a pris pour la lune
Par-dessus les frontières des ponts pour la vie
Une même bannière pour un même cri
Et refaire d’un geste les chemins du hasard
Pour les enfants qu’on laisse sur le quai d’une gare
Mais quand je viens à toi Valérie
Allongée là au creux de ton lit
Que le monde est loin
Qu’il  est loin d’ici

Fouiller les poubelles vivre sans savoir
Accoucher de merveilles et crever sans y croire
Redonner le bonheur aux riches imbéciles
Leur accrocher au cœur les dentelles des filles
Fermer les missels voiler les icônes
Replacer le ciel à la portée des hommes
Toucher le froid des villes un vieux qui se tait
Les couteaux qui cheminent dans la chair des poignets
Mais quand je viens à toi Valérie
Allongée là au creux de ton lit
Que le monde est loin
Qu’il est loin d’ici
Voir passer les trains descendre  aux abris
Attendre à demain où rien jamais n’arrive


Baisser souvent les yeux se murmurer sans cesse
Les mêmes adieux les mêmes nouvelles
Lire dans les mains le livre des possibles
Sentir au creux des reins les mêmes heures grises
Pleurer sur les rêves des seringues vides
Ne battre que d’une aile s’en aller sans un bruit
Mais quand je viens à toi Valérie
Allongée là au creux de ton lit
Que le monde est loin
Qu’il est loin d’ici

Toi qui n’es jamais loin de la beauté des choses
Tu dors dans cet écrin où ta chanson repose
Et tu sais que cet air que j’ai cent fois perdu
Est bien ce qu’il me reste cela et rien de plus
Alors je viens à toi Valérie
Allongée là au creux de ton lit
Et le monde est loin
Qu’il est loin d’ici
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